Deux photographies de Georges Rousse, mémoires de la Station Sanitaire à Marseille / Bouches-du-Rhone

Marseille (Bouches-du-Rhône).

Invité par la Fondation Regards de Provence, le plasticien photographe Georges Rousse a installé son atelier d'artiste éphémère et sa chambre photographique dans l'ancienne Station Sanitaire Maritime à Marseille pour y créer deux installations début Septembre. A l'occasion de l'année Marseille Provence Capitale Européenne de la Culture en 2013, la Fondation Regards de Provence réhabilite et installe son futur musée dans ce bâtiment, construit par les architectes Champollion, Pouillon et Egger en 1948. Labélisée Patrimoine du XXème siècle, la station est intimement liée à l'histoire de Marseille et à son port. L'intervention plastique de Georges Rousse est un moyen d'immortaliser le lieu en l'état, de l'inscrire dans son projet de rénovation et de l'intégrer comme oeuvre d'art dans la collection de Regards de Provence.

Le photographe-plasticien voue une affection particulière pour l'architecture de Fernand Pouillon, la situation géographique de la station, son attirance pour la Méditerranée de par ses voyages (Israël, Egypte, Espagne, Italie...) a renforcé son attrait pour ce projet. L'artiste investit des lieux abandonnés, des locaux en friche, des espaces voués à la destruction depuis plus de trente ans dans le monde entier. "Les lieux abandonnés sont des lieux de liberté" explique t'il. Il métamorphose l'espace vide, magnifie l'architecture et les proportions imposantes, exploite la lumière.

Mêlant architecture, peinture et photographie, Georges Rousse utilise la technique de l'anamorphose (image déformée par effet d'optique) pour transformer une installation faite dans les trois dimensions de l'espace (mur, sol, plafond) en une figure géométrique placée au centre de l'image. La forme géométrique parfaite n'est visible par le visiteur que d'un point unique, celui choisi pour la prise de vue. Suivant l'endroit où l'on se place, la vision de son oeuvre est déformée ou transformée. L'oeuvre photographique finale est l'ultime image avant la transformation, "un dernier regard sur l'espace, tel qu'il est à un moment donné" confesse l'artiste.

L'Horizon
La première installation se trouve dans la salle du DDT, pièce où, dans la lutte contre les maladies venues de la mer, les immigrés étaient poudrés au DDT avant de sortir du bâtiment. La station, telle que Georges Rousse l'a découverte, est chaotique. Confusion et désordre général caractérisent ce lieu laissé à l'abandon depuis 40 ans. Délaissé, squatté, brulé, l'artiste parle d'un édifice qui a perdu son histoire et son âme.

Face à la mer, le futur Musée Regards de Provence est situé au J4, principal pôle culturel de Marseille pour 2013. En harmonie avec cette localisation, la démarche du photographe-plasticien se rattache à l'horizon, au lever du soleil. Dans cette pièce calcinée où la suie s'est déposée sur le mur, l'installation est un rectangle rouge au centre de la salle. Le rouge représente l'incandescence, le feu sur l'horizon, lui-même symbolisé par le format panoramique de la forme géométrique.

Le Soleil incandescent
Séduit par les proportions monumentales du hall d'entrée du bâtiment, qui sera également la future entrée du Musée, Georges Rousse a été immédiatement charmé par ses proportions, sa lumière naturelle. L'horizon a portée de main, l'artiste expérimente un nouveau type d'installation anamorphique, entièrement construit dans l'espace. Cet immense rond rouge symbolise l'incandescence du soleil au moment de disparaître. Forme et couleur impressionnent la rétine, comme si cette dernière était brulée par le soleil : métaphore du feu.

L'originalité de cette installation, dont l'oeuvre photographique finale ne sera dévoilée qu'en 2013 lors de l'ouverture du musée Regards de Provence, révèle une structure spectaculaire. Jeu de superposition entre le plan et la profondeur, l'artiste donne la perception des volumes. Son installation est une véritable sculpture, monumentale, par ses proportions imposantes, aérienne et légère par le jeu des transparences.

La réalisation de ces deux oeuvres est retransmise par des films en timelapse de quelques minutes avec travelling et effets sur le nouveau site de Regards de Provence http://www.museeregardsdeprovence.com et sur la Chaine Regards de Provence sur YouTube pour permettre aux internautes de suivre l'évolution de son travail.

Depuis 1998, la Fondation Regards de Provence - Reflets de Méditerranée - a entrepris de rassembler, révéler et promouvoir le patrimoine artistique et culturel de Marseille, de la Provence et de la Méditerranée passé et contemporain. Les ambitions de la Fondation sont de faire connaître et apprécier la richesse artistique du territoire du Midi à un public très varié, national et international. Depuis sa création, 39 expositions temporaires ont été conçues et présentées au Château Borély et au Palais des Arts (depuis 2005), dévoilant à chaque fois une partie de ses oeuvres et certaines de musées ou de collectionneurs privés. Elle présente actuellement l'exposition « Blachon ' Ses Mondes... », jusqu'au 9 octobre 2011.

Marseille, 13